Writers & Directors Worldwide rencontre Harry Shearer de la campagne « Fairness Rocks » pour discuter des meilleures pratiques dans la lutte pour les droits d’auteur

Le 23 juin, Yves Nilly, Président de Writers & Directors Worldwide a rencontré Harry Shearer, auteur, réalisateur et acteur de renom pour discuter de leurs expériences respectives concernant la campagne sur les droits audiovisuels. Tandis que Writers & Directors Worldwide a mené à bien des changements législatifs via La Campagne audiovisuelle, M. Shearer a mené son propre combat en faveur d’une rémunération équitable qui comprend de nombreux obstacles à surmonter que les créateurs audiovisuels du monde entier connaissent bien.

Shearer a récemment lancé la campagne « Fairness Rocks» destinée à faire connaître les poursuites intentées contre le conglomérat de médias français, Vivendi S.A., par les créateurs du faux documentaire humoristique de 1984, Spinal Tap. Le film présente les aventures d’un groupe de rock britannique lors de leur tournée en Amérique et son style d’improvisation défini comme le genre du « documentaire parodique ». Les quatre créateurs de ce groupe – Christopher Guest, Michael McKean, Rob Reiner et Harry Shearer ­– ont réussi à produire quelques-uns des personnages les plus connus et les plus appréciés du film de comédie et pourtant, la rétribution qu’ils reçoivent pour la commercialisation et la bande originale sont dérisoires.

Spinal Tap a été classé parmi les 100 meilleurs films de tous les temps et a atteint le première place convoitée sur la liste des 100 meilleures comédies du Time Out de Londres. On a vu ce film régulièrement dans le monde entier pendant plus de 30 ans et le logo du groupe est internationalement reconnu. Toutefois, les créateurs du film n’ont reçu que 81 $ de rémunération (quatre-vingt-un dollars !) représentant leur part des revenus totaux liés à l’exploitation mondiale du film entre 1984 et 2006. De plus, on leur a dit que le montant total pour les ventes de la bande originale entre 1989 et 2006 s’élevait tout juste à 98 $.

« Malgré le succès immense du film et de sa bande-son, nous sommes victime des mêmes types de schémas confus et dénaturés de l’industrie du divertissement que ceux qui mettent en péril tant de créateurs, » a expliqué M. Shearer. « C’est une simple question de droits des artistes. »

Les questions soulevées ici ont cela de commun avec la campagne sur le droit de rémunération audiovisuelle que les processus impliqués dans la rémunération des créateurs sont souvent vagues et difficilement compréhensibles. Selon Y. Nilly, « ces types de problèmes sont inévitables lorsqu’un réalisateur de film ou un scénariste doit négocier un montant qui ne tient pas compte du futur succès de l’œuvre terminée ». « Inscrire dans la loi un droit de rémunération permet de résoudre ce problème et de stimuler la création d’une nouvelle œuvre enthousiasmante. »

La Campagne audiovisuelle a entraîné la mise en place de cette solution au Chili et en Colombie récemment puisque leurs gouvernements ont fait entrer dans la législation un droit de rémunération inaliénable et auquel il ne peut être renoncé. En Europe toutefois, les participants à la campagne continuent de se battre pour l’égalité des droits des auteurs dans le cadre de la Directive européenne sur le droit d’auteur.

Shearer espère que la campagne « Fairness Rocks » pourra aider tous les créateurs, auteurs et exécutants et pas seulement ceux qui sont impliqués dans cette affaire particulière. « Bien que nous ayons entamé cette procédure de notre propre initiative, c’est en réalité un problème auquel doit s’attaquer la société au nom de tous les créateurs de films populaires dont le talent n’a pas été rémunéré à sa juste valeur. Nous ne sommes que quatre personnes qui cherchons à réparer une injustice flagrante mais nous espérons que cette procédure, à sa propre manière, fera jurisprudence et instaurera des pratiques de rémunération loyales et transparentes et une juste rétribution artistique dans tout ce domaine d’activité. »

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